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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Une nouvelle théorie scientifique de l'évolution de la lignée humaine


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Sylvain Reboul (---.---.188.105) 13 janvier 2006 18:38

L’auteure de cette Interview pose des affirmations pour le moins vagues, logiquement imprudentes et souvent ambiguës :

1) Laisser entendre que le principe de finalité est « admis », voire reconnu en mécanique quantique, c’est aller (trop) vite en besogne : la mécanique quantique soulève le problème, sans encore l’avoir tout à fait résolu, du statut de la temporalité dans un champs de phénomènes qui n’est justement pas celui des processus biologiques. On ne voit donc pas comment l’auteure peut passer logiquement de la temporalité ou de son absence éventuelle sous une forme linéaire en mécanique quantique à la temporalité en paléontologie.

2) Cela d’autant plus qu’elle présente l’évolution comme un progrès linéaire quasi nécessaire ; ce qui n’est qu’une représentation rétroactive, simplificatrice et pour tout dire réductrice des choses, ce qui n’est pas prouvé car les monstres non viables sont en effet eliminés avant l’âge de la reproduction : l’évolution apparaît aujourd’hui comme disparate multi-caractères, parfois régressive (en treme de complexité) et sa logique est loin d’être aussi pure qu’elle ne l’affirme. Les chimpanzés que je sache n’ont pas précédé les homos. Elle oublie dans son exposé les découvertes majeures que sont :

- la sélection sexuelle qui produit une pression sélective en effet orientée et, en ce qui concerne le genre homo la sélection sexo-culturelle elle même finalisée par cette même culture (les valeurs sociétales)

- l’existence de gènes architectes qui en mutant peuvent provoquer des modifications de caractéristiques différentes, fonctionnellement cohérentes ou non (et dans ce dernier cas elles sont éliminées par la sélection naturelle + sexuelle+ culturelle et la culture commence probablement avec les singes anthropoïdes préhomos comme on le voit chez les primates actuels), sans faire intervenir une logique univoque et encore moins un programme génétique préétabli ou préorienté.

3) Enfin elle dit se refuser à toute récupération religieuse de sa thèse (finalisme biologique phylogénétique interne) mais elle n’hésite pas à flirter, c’est le moins que l’on puisse, dire avec le sens chrétien de la vie.

Citation : « Le vrai débat.. consiste à savoir si, oui ou non, la théorie de l’évolution détruit les fondements de la foi judéo-chrétienne fondée au moins sur l’attente. Personnellement, je réponds également non, mais sur des considérations autres, lesquelles, précisément, ne sont pas assez connues aux États-Unis. Je pense en particulier, donc, à la synthèse scientifique de Teilhard et à la place qu’il accorde à la gratuité de l’amour, à la liberté de donner sa confiance à l’amour comme transcendance du sens : se savoir né, parce qu’aimé. ( » Tu es, Seigneur, notre Père, notre Rédempteur : tel est ton nom depuis toujours... Ah ! si tu déchirais les cieux, si tu descendais.. « Isaïe 63, 16b, 19a. In » Teilhard aujourd’hui « . N°16 - décembre 2005). »

Là, je regrette, on est en plein préjugé religieux, ou en pleine profession de foi (ce qui pour moi est la même chose) et je ne vois pas ce qui l’autorise à passer d’une finalité interne (programme génétique de l’évolution), scientifiquement discutable, à une finalité externe transcendante qui est scientifiquement inadmissible, car scientifiquement ni vérifiable, ni réfutable, hors champs donc de la pratique et du discours scientifiques en cela qu’elle ne permet aucune observation nouvelle, ni aucune expérimentation en expérience réelle ou simulée..

Conclusion : Elle donne l’impression de dénier sa foi (nouvelle ?) pour mieux la faire passer en douce au prétexte qu’elle est une scientifique qui aurait découvert le sens préétabli de l’évolution. Bien qu’elle affirme être utilisée malgré elle, ceux qui se réclament de sa position en faveur de l’ID ne se sont pas trompés : elle appartient bien à leur courant qui voudrait réconcilier la vérité scientifique avec la prétendue vérité religieuse.

Vérité, sciences et philosophie

L’illusion religieuse


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