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Accueil du site > Actualités > Politique > Daniel Cohn-Bendit, sur les traces de Jean-Pierre Chevènement

Daniel Cohn-Bendit, sur les traces de Jean-Pierre Chevènement

« Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne ! » (Jean-Pierre Chevènement, en mars 1983).



L’ancien député européen franco-allemand Daniel Cohn-Bendit avait été approché par un proche du Président Emmanuel Macron (Christophe Castaner, pour ne rien cacher) dans la perspective d’une nomination au Ministère de l’Écologie, pour succéder à Nicolas Hulot. Au contraire de Nicolas Hulot, Daniel Cohn-Bendit est un grand animal politique, et en plus, au contraire de Nicolas Hulot, en intégrant le gouvernement, Daniel Cohn-Bendit n’aurait pas retourné sa veste car il avait soutenu la candidature d’Emmanuel Macron dès le mois de mars 2018, bien avant le premier tour (et donc, bien avant Édouard Philippe, Bruno Le Maire, etc. qui, en principe, soutenaient encore la candidature de François Fillon). Il a ainsi participé à un meeting le 19 avril 2017 à Paris.

Daniel Cohn-Bendit ministre, ça aurait eu de la gueule ! Car il n’a jamais été un "productif", enfin, je veux dire, un "exécutif" dans sa (longue) carrière politique. C’est un électron libre (mais il y en a d’autres) et surtout, une sorte d’extraterrestre dans le microcosme politique français (selon l’expression barrienne). Daniel Cohn-Bendit a eu une longue carrière au Parlement Européen, vingt années, de juin 1994 à juin 2014, élu alternativement en France et en Allemagne, et fut même, entre le 8 janvier 2002 et le 30 juin 2014, le coprésident du groupe des Verts au Parlement Européen, ce qui donne l’importance politique de l’homme au sein du paysage politique européen.

Pour être exact, le seul mandat exécutif qu’il a eu fut à Francfort, comme adjoint au maire chargé des affaires multiculturelles (dans une municipalité remportée par les sociaux-démocrates sur les démocrates-chrétiens) de 1989 à 1997. Ce fou de football (entre autres) est l’un des personnages politiques les plus durablement présents dans les médias en France car il fut l’un des acteurs du mouvement de Mai 1968 (à l’âge de 23 ans : il a maintenant 73 ans).

Comme Emmanuel Macron, Daniel Cohn-Bendit adore les débats contradictoires. Il adore exposer ses idées, écouter celles des autres, les contester, argumenter, imaginer, innover. Il a mille idées et sait les exprimer de manière simple et efficace. Lorsqu’il fut tête de liste aux européennes le 7 juin 2009 dans la circonscription d’Île-de-France, il a gagné 4 sièges, se plaçant en deuxième position derrière la liste UMP conduite par Michel Barnier, avec 20,9% des voix, soit la moitié de plus que les voix recueillies par la liste des socialistes (pourtant dans l’opposition et donc, favorisés pour un tel scrutin). Nationalement, les listes des écologistes, dont le leadership de Daniel Cohn-Bendit n’était pas seulement régional mais national, ont obtenu 16,3%, c’est-à-dire à égalité avec les listes socialistes.

Donc, il y a neuf ans, Daniel Cohn-Bendit a eu un test grandeur nature sur sa valeur électorale : autour de 16% au niveau national (autour de 20% si l’on ne regarde que l’Île-de-France). D’ailleurs, les autres élections européennes, avant et après, ont donné des scores nettement plus faibles aux écologistes, ce qui montre, au-delà des explications des circonstances politiques du moment, une valeur ajoutée incontestable de l’ancien leader étudiant.

On se demande alors pourquoi il n’a pas cherché, en 2012 ou en 2017, à devenir candidat à l’élection présidentielle. Parce que justement, c’est un extraterrestre. Il déteste le principe qui veut que toute la vie politique soit centrée sur l’élection présidentielle. Il est contre le principe de l’élection présidentielle (il veut un régime uniquement parlementaire). Pourtant, c’est sûr qu’il aurait fait un tabac. Peut-être ne serait-il pas monté au-delà de 10% des voix (ce qui est déjà considérable, Jean-Pierre Chevènement en sait quelque chose), mais il aurait polarisé la campagne présidentielle au coup sûr, par ses propres thèmes.

Du reste, il ne pouvait pas se présenter à l’élection présidentielle jusqu’à très récemment : ce n’est qu’en 2015 qu’il a obtenu la nationalité française. Il aurait pu l’obtenir bien auparavant (rappelons que le gouvernement de Georges Pompidou l’avait expulsé vers l’Allemagne) mais il ne voulait pas vraiment la demander, j’imagine pour s’empêcher de succomber à quelques tentations.

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En ne se représentant pas aux européennes en 2014 (après un si beau score en 2009), Daniel Cohn-Bendit avait décidé de prendre sa retraite en politique. Et pourtant, il est toujours là, parlant, expliquant, proposant, s’émouvant, écoutant, dialoguant. Dans les médias, bien sûr. Et il fut d’ailleurs l’un des plus médiatiques soutiens d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017 (avec François Bayrou et Manuel Valls).

Quand Nicolas Hulot a démissionné le 28 août 2018, Daniel Cohn-Bendit était naturellement pointé du doigt : ne remplace pas Hulot un simple sous-ministre de gare. Il faut une grande gueule médiatique pour défendre la transition écologique. Daniel Cohn-Bendit avait tout pour lui, tout pour prendre la relève, tout pour prendre, enfin, ses responsabilités. Ne plus être le contestataire mais l’acteur. Ne plus critiquer ou proposer, mais agir, décider, impulser.

Le 2 septembre 2018, il a vite mis fin aux rumeurs en annonçant qu’il a refusé le challenge après une longue discussion dominicale avec Emmanuel Macron. Soit dit en passant, jamais une nomination de ministre n’a été aussi transparente. Mais le fait de savoir que Daniel Cohn-Bendit avait été contacté pour le poste laissait déjà entrevoir un refus (peut-être inconscient) de sa part. On imagine mal un futur ministre annoncer sa nomination avant le communiqué classique de l’Élysée (encore que Frédéric Mitterrand avait grillé la politesse à Nicolas Sarkozy de quelques heures).

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Sur LCI ce dimanche 2 septembre 2018, Daniel Cohn-Bendit a expliqué plusieurs choses. Pourquoi l’a-t-on su ? Parce qu’un journaliste du journal "Le Monde" lui avait posé une question simpliste et au lieu de ne pas répondre, il s’est senti obligé d’expliquer un peu plus profondément les choses, de clarifier, et donc, de confirmer ses premiers contacts. Un ministre doit pourtant savoir cultiver le non-dit, la discrétion, le secret voire l’opacité.

Mais surtout, il a expliqué pourquoi il a refusé. Il a d’abord expliqué qu’il s’est senti responsabilisé. Que c’était le moment ou jamais de prendre ses responsabilités. Qu’on ne pouvait pas toujours parler dans le désert et que lorsque l’occasion d’appliquer ses idées survenait, il fallait la saisir. Ses mots : « J'étais divisé, je me suis dit : c'est le bon moment. (...) Pour la première fois de ma vie, je me suis dit "pourquoi pas ?". ». Il a cependant trouvé trop d’obstacles à sa propre personnalité pour s’imaginer ministre.

D’une part, il ne peut s’imaginer, lui, le roi du libertaire, dans le rôle pompeux sinon péteux de monsieur le ministre, sans compter qu’à 73 ans, on peut envisager de vivre sa vie avec le moins de stress possible et sereinement auprès de ses proches. D’autre part, il a imaginé qu’il ne pourrait jamais la boucler, qu’il ne pourrait jamais "fermer sa gueule", selon la célèbre expression chevènementielle, et il sait que s’il ne la bouclait pas, cela deviendrait vite impossible pour le gouvernement.

Au lieu de devoir démissionner à la première contrariété, c’est-à-dire à la première ou seconde semaine d’exercice (comme ce fut le cas avec Jean-Jacques Servan-Schreiber sous Valéry Giscard d’Estaing à propos des essais nucléaires et du professeur Léon Schwartzenberg sous François Mitterrand à propos de la dépénalisation du cannabis), Daniel Cohn-Bendit a préféré ne pas écouter son orgueil au profit de sa liberté de penser et de rigoler.

Donc, pas de Ministère de l’Écologie. Daniel Cohn-Bendit renonce au pouvoir et garde juste le ministère de la parole. Ce qui, à mon sens, est dommage pour la France. Car Daniel Cohn-Bendit a une telle énergie, une telle force de conviction, une telle puissance à débattre, qu’il aurait été excellent dans le rôle du pouvoir. Il aurait pu convaincre des ministres récalcitrants et même un Président de la République qui a bien pressenti que l’écologie, dont il se moquait pendant la campagne présidentielle, serait sans doute l’élément clef pour donner un sens à son mandat et à celui de ses successeurs.

Daniel Cohn-Bendit était sans doute prêt à faire l’impossible, parce qu’il en a la force, mais aussi la volonté, comme il l’avait proclamé devant ses amis écologistes le 10 mars 2010 au Cirque d’hiver à Paris : « Je ne veux pas que l’on demande aux gens : "d’où viens-tu ?", mais je veux qu’on leur demande : "où veux-tu aller avec nous ?". L’imagination, c’est justement ça : mettre ensemble, faire l’impossible ! L’impossible, c’est justement ça qui nous met en avant. ». Mais il n’était pas prêt à sacrifier sa joie de vivre. Il n’en a pas eu le courage. Dommage…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (03 septembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Daniel Cohn-Bendit.
La retraite en 2014 ?
Nicolas Hulot.
François de Rugy.
Yannick Jadot.
La primaire EELV d’octobre 2016.
La primaire EELV de juin 2011.
Le retour des écolos au gouvernement.
Les écologistes et le TSCG.
Les écolo-pastèques.
Le cannabis chez les écologistes.
Cécile Duflot.
Jean-Vincent Placé.
Véronique Massonneau.
Eva Joly.
Stéphane Hessel.
Corinne Lepage.
Édouard Philippe.
Patrick Strzoda.
Alexandre Benalla.
Emmanuel Macron et l’État-providence.
Emmanuel Macron assume.
La réforme des institutions.
Protégeons la Ve République !

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18 réactions à cet article    


  • Dom66 Dom66 4 septembre 2018 10:48

    Non Rakoto, Pierre Chevèenement n’est pas pédophile comme le « Conne Bendit » smiley


    • zygzornifle zygzornifle 4 septembre 2018 14:48

      @Dom66


       Chevènement était socialophile , il ne tapait dans le c.. qu’en famille ....

    • Dom66 Dom66 4 septembre 2018 18:04

      @zygzornifle
       smiley


    • mmbbb 4 septembre 2018 21:13

      @Christ Roi une fois n est pas coutume , j adhere completement a votre propos De surcroît, Chevenement est respecté même à droite puisqu il a tout de meme une bonne culture . Il sait expose et mettre en exergue l histoire d un pays comme celle de l ukraine avant d assener des contres verite et etre un anti poutine primaire C Bendit est une pute , il n est pllus guere respecté a gauche encore a droite , C est une différence notable


    • HELIOS HELIOS 4 septembre 2018 11:35

      Cohn Bendit ? mais il n’a pas été approché par Macron ! ce dernier n’est pas suffisamment con pour faire entrer un tel personnage dans sa cour... il avait réussi, dans sa campagne électorale a l’éloignerle plus possible, et il avait réussi.

      Maintenant, le Cohn Bendit a tenté directement ou indirectement, je n’en sais rien, de revenir à la charge, et faire ce qu’il a toujours fait : l’anguille politique !!!!

      Faire rentrer Cohn Bendit, c’est s’assurer de magouilles perpétuelles, de louvoiement plus ou moins cohérents vis a vis des objectifs, bref une expérience de plus pour un personnage qui n’a JAMAIS réussi nulle part, sauf sur les barricades, ce qui est plus destructeur que constructeur.

      Son passage chez les verts (coprésident)fut fugitif et sa qualité n’a pas dépassé les discours dans la grande salle du parlement européen, heureusement que « l’autre » était là.
      Ses élections alternatives FR/DE ne furent que la démonstration que les électeurs devaient oublier ses turpitudes orales entre les mandatures...

      Bref un de ces parasite dont la valeur ajouté n’a jamais été que du spectacle pendant que d’autres bossent sérieusement, nous n’avons pas besoin de ça, et même nous n’avons plus les moyens de nous payer ce type de clowns

      Faire venir un tel parasite au gouvernement, je n’aime pas particulièrement Macron, mais faire une telle erreur ce serait une dévalorisation de plus du président... et une erreur majeure pour la France.

      L’écologie n’est ni un jeu ni une ligne politique. L’écologie est une démarche dans une méthode de développement, ce qui n’a rien avoir avec une norme quelconque et elle ne mérite ni ne supporte la médiocrité, la corruption et encore moins le dogme !!!!!!!!!

      .............. parole de soixant’huitard !

      • Francis, agnotologue JL 4 septembre 2018 11:38
        N’importe quoi !
         
        Cohn Bendit c’est l’anti Chevènement !

        • Doume65 4 septembre 2018 12:45

          @JL
          Oui, comparer Cohn Bendit à Chevènement est faire injure à ce dernier. L’auteur a-t-il réfléchi à la possibilité que Chevènement porte plainte contre lui pour diffamation après ce billet smiley


        • Francis, agnotologue JL 4 septembre 2018 12:50

          @Doume65

           
           hélas, je crains que l’auteur - je me demande bien qui il est vraiment - ne se fiche de ce qu’on lui dit, lui qui n’a posté que 637 pour 1824 articles écrits.

        • jeanpiètre jeanpiètre 4 septembre 2018 19:10

          @JL
          la magie des bot micronien !

          on se demande ou est la modération, à moins que le flot de commentaires négatif ne soit le gagne pain de la boutique

        • Ben Schott 4 septembre 2018 11:38
           
          « Daniel Cohn-Bendit ministre, ça aurait eu de la gueule ! Car il n’a jamais été un « productif », enfin, je veux dire, un « exécutif » dans sa (longue) carrière politique. »
           
          Je suis d’accord avec « improductif », mais moi je veux dire un énergumène qui n’a jamais rien branlé de ses dix doigts (enfin, si mais j’me comprends). Tout le monde a en mémoire cette émission de Pivot en 82 où l’on voit ce gros nourrain affalé sur son siège narguer tout le monde et en particulier ce pauvre gentil Paul Guth, et raconter ses souvenirs humides de tripotages avec des enfants !
           
          Ça gueulait « Yankees go home », mais c’était payé par la CIA pour éjecter De Gaule...
           
          En voilà un sur la tombe duquel j’irai gerber, sauf si je clamse avant lui, et s’il est enterré en Israël bien entendu...

           
           
          Donc : rien à voir avec Chevènement.
           


          • jlouisjoly 4 septembre 2018 13:49

            Une question:l’auteur c’est un troll ?C’est pas possible autrement.


            • zygzornifle zygzornifle 4 septembre 2018 14:50

              conne Bandit de grand chemin a beaucoup d’ADN douteuse entre ses papilles ....


              • Sylvaine Reyre Sylvaine Reyre 4 septembre 2018 16:46

                Quelle hagiographie !

                Apparemment ce serait Cohn-Bendit, qui aurait essayé de rentrer au gouvernement et Macron qui aurait refusé...
                Je concède qu’il a un talent inouï pour sentir d’où le vent va souffler et se mettre en avant, mais à part se pavaner dans les médias, retourner sa veste en permanence et cracher sur la France et les Français, qu’a-t-il fait de positif ?

                • malitourne malitourne 4 septembre 2018 17:00

                  @Sylvaine Reyre
                  Rien


                • Dom66 Dom66 4 septembre 2018 18:07

                  @Sylvaine Reyre

                  Conne bendit est une grosse merde, et je m’excuse au près du caca pour la comparaison.


                • izarn izarn 4 septembre 2018 17:37

                  Avec le con Ben dhit, la mort est en marche...
                  Allelouya Akbar !
                  Horreur !
                  Vade retro satanas !
                  Dagon, le retour !


                  • egos 4 septembre 2018 21:51

                    Sur la séquence récente, il paraissait sur les traces de E Macron.

                    Il a du louper une marche.

                    • troletbuse troletbuse 5 septembre 2018 16:17

                      Pedophile et pédé, ca fait un beau couple.

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