La Phobie de l’échec à l’ère Numérique
L’école classique montre des signes de déphasage avec son temps. La pédagogie appliquée dans l’enseignement laisse entrevoir une inadéquation avec les réalités d’un 21e siècle où tout paraît mouvant. Une ère où d’incroyables forces entrainent vers des changements spectaculaires dans presque tous les domaines.
J’ai encore le souvenir de ce jour où j’ai osé aborder le sujet avec un professeur. Je lui ai fait savoir mon avis avec les termes suivants : « Vous avez massacré les enfants de nos écoles.. ». Ce dernier s’est vigoureusement fâché pour une raison que j’ignorais. Pourtant, la réalité est saisissante. Et je suis persuadé que j’ai raison. En effet, je suis l’exemple parfait de cet échec de l’école classique.
Comme a su le résumer Dominique Seux[1], l’école telle que nos parents l’ont connue et que nous l’avons connue à notre tour, s’attelle à mettre en pratique une pédagogie dite « Noir » qui met l’accent sur les échecs de l’apprenant et sous-estime ses réussites. Ceci, contrairement à la nécessité d’une pédagogie « Blanche » qui aurait pour but de complimenter chaque élève pour ses réussites, de « Dire le bien, décrire les progrès », d’ajouter des points pour chaque exercice réussi et non d’en soustraire à chaque erreur.
Dès notre enfance, nous sommes conditionnés par la phobie de l’échec. Car l’échec est puni quand bien même nous ne sommes pas éclairés sur les raisons dudit échec. Et en plus on n’a pas le droit de dire : « Je ne sais pas », cela n’existe nulle part dans notre schéma mental.
Dans ce registre mental, le paradoxe de Tocqueville est visiblement manifeste, plus nous approchons d’un idéal, plus la distance qui nous en sépare nous paraît insupportable.
Ce qui fait la différence…
Mais ce qui fait la différence dans le monde d’aujourd’hui, c’est que les gens ayant connu des échecs ont montré qu’ils étaient les plus aptes à réussir dans la vie. On en déduit qu’il y a deux écoles marquées par un véritable paradoxe :
- L’école classique qui souligne l’échec sans donner l’occasion au test, et finit par obscurcir et éteindre le potentiel d’innovations de l’apprenant ;
- L’école qui favorise les tests sans souligner l’échec en favorisant l’évasion sur d’autres horizons d’innovation.
À l’école classique, on a tendances à se focaliser sur les erreurs d’une façon horrible et parfois sadique. Tandis que l’école des tests se ressource depuis, de vaste panel d’essai pour pousser les tests à l’extrême. Les personnes qui ont été dans cette logique sont aujourd’hui pour la plupart les managers de notre monde actuel. En Faisant preuve d’autonomie, d’innovation et sont bien rémunérés. Par contre, les personnes de la vieille école sont pour la plupart des salariés. Elles sont moins bien payées et travaillent dans un système qui avorte l’innovation et l’initiative de tous genres.
Vous allez me dire que j’exagère, mais je vous invite à méditer sur le choix de votre école.
La nouvelle disruption du monde de l’orientation
Selon la définition du Dictionnaire Larousse, le mot « disruption » signifie « rupture » ou « fracture ». Le mot est utilisé sans modération dans plusieurs domaines.
Dans le monde de l’entreprise et en particulier les Startup, l’approche la plus utilisée et celle qui favorise l’innovantes basés sur les tests, contrairement au système classique de la vieille école. Encourager par l’économie du numérique d’aujourd’hui, elle a aidé à bouleverser les codes d’apprentissage de l’être humain. Il commence à s’imposer dans plusieurs secteurs et se permet même d’en créer de nouveau.
Cet état des lieux nous amène à nous questionner sur notre système d’apprentissage scolaire. Faut-il continuer à punir les erreurs ou chercher désormais à encourager les tests ?
Ce qui réel aujourd’hui, notre mécanisme d’apprentissage sera dépassé par les nouvelles approches dites intelligentes, à l’ère du numérique, qui génèrent des masses de données, à tel point que notre cerveau ne sera plus en mesure de les capter et de les utiliser. Le seul moyen de s’en sortir sera de s’adapter à cette nouvelle ère numérique qui de plus en plus handicape l’école classique. « L’échange de l’information d’un cerveau humain à un autre est de 10 octets/second. De la machine à la machine, à l’heure actuelle, est de 1 milliard d’octets/second »[2].
Nos enfants et la nouvelle ère numérique
Si le système d’éducation ne connaît pas des adaptations pour s’ouvrir vers un horizon plus innovant, les nouvelles générations vont finir par le contester. Continuer à promouvoir l’école qui souligne les erreurs au détriment d’une école qui favorise ce qui est humain dans l’humain « Essayer puis essayer, Tester et tester », n’est plus aujourd’hui convenable.
J’ai rencontré des gens qui ont du mal à voir l’échec de leurs enfants avec un œil correct. Le constat, c’est que pour chaque personne, il y a une ou plus de points d’excellence. Mais malheureusement, nous l’ignorons. En effet, les points d’échec prennent une grande place dans notre mental. Et c’est bien logique, à l’école, on n’a pas le droit à l’erreur, dans la vie personnelle, aussi bien dans la vie professionnelle, etc.
L’intolérance de l’échec
Considérer les échecs comme une menace pour notre personne, notre intelligence ou nos valeurs est l’un des principaux obstacles à notre réussite. En conservant cet état d’esprit, nous nous privons de la capacité de se développer, d’apprendre et éventuellement réussir.
Nous devons nous entrainer à cultiver les tests
Plusieurs exemples permettent d’illustrer que l’échec en soi n’est pas une mauvaise chose. Nous connaissons bien les cas d’Edison, d’Einstein, qui ont essayé des centaines de fois des formules avant qu’on en arrive à leurs résultats universellement connus. On peut aussi prendre l’exemple d’Elon Musk. C’est sans oublier J.K. Rowlig et son incroyable succès d’Harry Potter. Treize (13) éditeurs ont rejeté son livre, mais cela ne l’a pas arrêtée. Si c’était le cas, elle se serait arrêtée après les premiers refus.
Gérer nos paradoxes
Dans certaines situations, il faut savoir gérer ses paradoxes : savoir ce que vous désirez, pour aller au-delà de votre zone de confort, et pour explorer votre zone de développement.
- Une personne qui rêve d’une grande maison confortable, tout en pratiquant un mode de vie qui prône la sobriété.
- Une autre personne qui pourrait adorer partir en randonnée dans les montagnes, mais en même temps a peur de l’altitude.
- Une autre qui rêve de lancer un projet personnel et a peur de quitter son travail actuel qui lui apporte la sécurité financière.
Les exemples sont nombreux.
Pour ce faire, nous devons comprendre la manière dont notre cerveau évolue et le rôle joué dans la prise de décision (faire des choix). Comprendre ce fonctionnement du cerveau va aider à restructurer notre schéma mental vers une nouvelle motivation qui favorise les tests.
Apprendre à essayer et réessayer
Imaginez que vous soyez un professeur d’art. Vous divisez votre classe en deux groupes. Le premier doit produire une peinture parfaite. Il a un an pour ce faire, mais le résultat doit être exceptionnel. Le second groupe doit produire le plus grand nombre de peintures possible. Il a également un an, mais pour ses membres, c’est la quantité qui compte, pas la qualité. Selon vous, lequel des deux groupes produira la meilleure penture d’ici la fin de l’année ? Une autre expérience a été réalisée pour vérifier comment la qualité de notre travail est très influencée par notre état d’esprit. « Il s’avère que le perfectionnisme est l’ennemi du succès ».
Pour conclure
La psychologue Carol Dweck de l’université de Stanford étudie comment nos croyances affectent la manière dont nous vivons notre vie. Elle a identifié deux états d’esprit :
- Un état d’esprit figé ne croit pas aux efforts ;
- Un état d’esprit de croissance qui croit aux efforts.
Pour l’état d’esprit de croissance, l’erreur est une simple information : « Ceci n’a pas fonctionné, donc je vais essayer quelque chose d’autre ». Dans le monde des startups, l’idée est d’« échouer vite ». Ce qui veut dire qu’il faut tester et tester et tester.
Dans ce registre mental, il ne faut pas se soucier des résultats, mais plutôt se focaliser sur les efforts à faire pour croitre. Ensuite, il faut se concentrer sur ce que nous voulons faire et non pas sur ce que les autres pensent. Enfin, il faut rester focalisé sur les solutions plutôt que sur le problème.
Je vous propose à travers cette rubrique un partage de points de vue dans son état d'éveil, n'hésiter pas à partager les vôtres.
[1] Préface du livre « Factfulness De Hans Rosling »
[2] Laurent Alexandre : « Nous sommes les idiots utiles de l’intelligence artificielle »
2 réactions à cet article
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