Largage diplomatique de l’OTAN ?
Quelques rappels : avant l’invasion russe de février 2022 l’Ukraine n’avait strictement aucune perspective d’intégration de l’UE ou de l’OTAN. Ce pays de faible niveau de vie était considéré comme une arrière cour de la Russie en conflit avec le « grand frère » parce qu’il tentait de gagner son autonomie. Les spécialistes de ces régions imaginaient au mieux un rapprochement vers l’Europe qui prendrait des décennies au pire un retour brutal dans le giron russe.
Au début de la guerre personne n’aurait parié sur l’Ukraine et les chancelleries se contentaient de messages navrés et compatissants comme cela avait été les cas en 56 en Hongrie ou 68 en Tchécoslovaquie ou plus récemment en Géorgie. La résistance ukrainienne aidée il est vrai par une opération russe très mal menée a tout changé.
Aujourd’hui la Russie est sur la défensive, elle n’est plus en mesure de contrôler le pays, elle se contente d’essayer de conserver les territoires annexés en toute illégalité. L’UE est prête à lancer le processus d’intégration de l’Ukraine, les européens et les USA s’engagent massivement dans le soutien militaire et viennent de confirmer que ce soutien durerait. Certes Zelenski aurait aimé qu’on lui promette une intégration sans conditions dans l’OTAN, il a été déçu et l’a fait savoir. Les alliés ne sont pas pressés d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN qui ajouterait des milliers de kilomètres à défendre et renforcerait la paranoïa russe. Il ne s’agit pas d’un largage mais d’une application du principe de réalité. Il faudra d’abord une paix négociée où l’Ukraine perdra sans doute une partie de son territoire, puis une intégration européenne et beaucoup plus tard une intégration dans l’OTAN.
Entretemps, pour quelques milliers de kilomètres carré dévastés dont elle n’a pas besoin la Russie se sera affaiblie avec cette guerre inutile, restera isolée et coupée de son principal marché et n’aura fait aucun pas vers la démocratie et l’Etat de droit.
Alors qui est largué ?